La Revue d’ODF n’est pas née par hasard
Dans les années 1960, il n’y avait qu’une société scientifique, la Société Française d’Orthopédie Dento-Faciale. Elle représentait le seul endroit où apprendre l’orthodontie, puisqu’il n’y avait alors aucun enseignement, ni cours consacré à cette discipline.
Or, dans les années 1960, la SFODF ronronnait dans un quiet conservatisme. La doctrine d’Angle, établie en 1907 par les fonctionnalistes allemands, régnait toujours, à peine bousculée. Mais l’écho d’une autre orthodontie, celle du multibague, celle de la céphalométrie, celle du droit à extraire, est arrivé aux oreilles des jeunes praticiens, ceux de l’après-guerre. Ils brûlaient d’envie d’ouvrir des fenêtres.
Avouons-le, la création de la revue a été une élégante façon de secouer le cocotier
Un homme dynamique, qui a le don d’enthousiasmer son entourage et d’ignorer les obstacles, Claude Duchateaux, réunit quelques jeunes praticiens dans un obscur café près de la rue Garancière, et l’affaire est lancée !
Claude Duchateaux a la bonne idée de s’appuyer sur le seul d’entre nous qui a quelques notions des problématiques éditoriales, Charles Bolender. Immédiatement, Franck Theuveny est nommé secrétaire, Jean Gandet, trésorier, et après le refus de Louis Muller, Julien Philippe devient rédacteur en chef.
La première étape est de trouver des articles à publier et le premier numéro n’est pas très brillant. Charles Bolender l’apporte au congrès de la SFODF de 1967 pour le distribuer, il est accueilli par les autorités du moment avec condescendance. Mais nombre de jeunes rejoignent l’équipe, en particulier Yves Barat, Jacqueline Kolf, Yvonne Pierre-Tual et bien d’autres qui apportent une aide efficace, mais plus épisodique. Le deuxième numéro contient un long article (36 pages) de Simone Sueur qui met en avant les travaux de Reitan sur les réactions tissulaires au déplacement des dents. Les français n’avaient aucune idée de cette question. Dès lors, la Revue d’ODF a marqué sa position dans le monde orthodontique et trouvé sa voie.
Création de l’association de la RODF
Les statuts de l’Association de la Revue d’ODF sont déposés le 30 décembre 1968. Deux années après, Julien Philippe entre dans l’enseignement universitaire nouvellement créé et laisse sa place à Yves Barat, un praticien cultivé, épris des Belles-Lettres. Par un patient travail, il élève peu à peu le niveau de la revue. Il en est l’âme pendant longtemps et s’entoure des orthodontistes les plus talentueux de la première heure. Il constitue une équipe solide, studieuse et motivée, amicale et joyeuse, qu’il dirige avec maestria. Puis, il prévoit sa succession en choisissant Alain Béry comme adjoint à la direction de rédaction.
Le niveau de la Revue toujours valorisé
Après avoir travaillé 15 ans avec Yves Barat, Alain Béry lui succède en 2008 comme directeur de la rédaction : on connaît ses talents de juriste, son autorité d’organisateur, le tout doublé d’une approche synthétique et visionnaire de la spécialité. À son tour, il sait incorporer de brillantes individualités à l’équipe, telles Sophie Carolus et Françoise Flageul, puis Grégoria Mer, efficaces secrétaires générales de rédaction et secrétaires générales de l’association de la RODF. Claude Duchateaux et Charles Bolender laissent respectivement, à leur tour, la Présidence de l’Association de la RODF et la Direction de sa publication à Guy Bounoure, pierre angulaire de la revue, rédacteur et administrateur depuis de longues années.
Pour accroître sa diffusion à l’étranger, la RODF fait longtemps l’effort de publier une traduction intégrale de tous ses articles en anglais. Cette option étant trop difficile à maintenir dans une Europe orthodontique divisée, elle est mise en suspens. La version française de la RODF est disponible en abonnement, au numéro ou en consultation.
L’ARODF aura toujours besoin de rédacteurs enthousiastes, de contributeurs motivés et d’auteurs de talent !
L’avenir des revues est-il en papier, à l’écran ? tourné vers l’international ? Faut-il pénétrer le monde anglophone, ou bien compter sur l’expansion à venir du monde francophone et en particulier de l’Afrique ?
L’union faisant la force, peut-être qu’une association des publications pourrait constituer une solution, à terme. Mais pour qu’elle poursuive son œuvre de diffusion de la connaissance et pour qu’elle passe la cinquantaine avec le même succès renouvelé, l’Association de la Revue d’ODF aura toujours besoin de rédacteurs enthousiastes, de contributeurs motivés et d’auteurs de talent.
Il faut comprendre la noblesse de l’entreprise.
Ce qui est en jeu, c’est la place de la France dans le monde de l’Orthodontie.